article écrit par Amélie Latour
Les Tocharians sont un peuple qui parlait des langues tochariennes (il s'agit de langues indo-européennes (les langues indo-européennes sont un groupe de langues qui possède une même origine (ce groupe de langue regroupe de nombreuses langues comme le français, l'hindi, l'anglais))) et qui vivait dans le bassin de Tarim (dans l'actuel Xinjiang en Chine).
Carte indiquant la position du Xinjiang
Carte du bassin de Tarim avec l'emplacement des anciens sites tokhariens
Carte avec les délimitations des différentes langues tokhariennes
On retrouve la première trace de ces états tokhariens au 2ème siècle avant Jésus-Christ grâce aux ouvrages chinois qui en parlent comme d'un des états par lequel passait la route de la soie. Ces états permettaient alors aux caravanes de se reposer et de récupérer ainsi de l'eau pour continuer le chemin.
La position stratégique des cités Tokhariennes et des cités de la région leur apporte la convoitise en premier lieu des chinois de la dynastie Han, mais aussi des Xiongnus, des peuples nomades du nord souvent considérées comme les ancêtres des Huns (la confédération de tribus qui envahit l'Europe dirigées par le célèbre Attila dont on disait que là où il passait, l'herbe ne repoussait plus).
Les Tokhariens vont alors agir en étant vassaux de la plus grande puissance du coin tout en cherchant à rester les plus indépendants possibles.
Carte de l'empire Xiongnu au premier siècle avant JC
En effet, à partir de 177 avant notre ère, les Xiongnus réussissent à prendre le contrôle des cités tokhariennes. Cette partie très riche devient rapidement une partie importante de leur empire. Les Chinois de la dynastie Han voient alors en la prise de cette région, une possibilité d'affaiblir énormément leurs ennemis Xiongnus. Dès 108 avant notre ère, de nombreuses campagnes sont alors menées dans ce but (qui seront conduites à la manière de conquêtes militaires directement, ou bien d'assassinats de dirigeants hostiles à eux). Les Chinois vont alors former le protectorat des régions de l'ouest, un territoire qu'ils administrent qui devait inclure les territoires tokhariens 60 ans avant notre ère (même si tous les territoires tokhariens n'étaient pas alors sous domination chinoise).
Carte indiquant le territoire contrôlé par la dynastie Han avec en bleu clair le protectorat des territoires de l'ouest
Finalement, au début de notre ère, Kucha, la plus grande des cités tokhariennes, Kucha s'allie aux Xiongnus, à d'autres peuples de la région et même à l'empire Kushan (un empire du nord de l'Inde) pour se libérer de la domination chinoise.
Cependant, malgré toute cette aide, cela ne suffit pas et en 124, les Chinois prennent la ville et en 127, l'ensemble des terres tokhariennes sont sous contrôle chinois. Cette période chinoise favorisera l'essor du bouddhisme et la transmission de l'art par la route de la soie.
Cependant, en 150, les cités tokhariennes se libèrent de la domination chinoise, profitant de l'affaiblissement de la dynastie Han.
Finalement, l'empire Kushan finit au 2ème siècle par envahir les cités tokhariennes, apportant le sanskrit comme langue religieuse et le Praskit (une langue indo-européenne du nord de l'inde) comme langue administrative ainsi que des scripts comme le scripts Brahmique et Kharosti.
Kucha devient ainsi, à partir du 3ème siècle, un grand centre bouddhiste où les textes les plus importants du bouddhisme étaient traduits du sanskrit en chinois par les moines tokhariens. Un grand moine de cette période est Kumārajīva.
Statue de Kumārajīva dans l'actuelle Xinjiang en Chine devant les grottes de Kizil
De cette période, on retrouve les grottes de Kizil à 65 kilomètres de Kucha, des cavernes contenant environ 236 temples bouddhistes et qui sont des lieux bouddhistes très importants de la région.
photo des grottes de Kizil actuellement vue de l'extérieur
Dessins des différentes grottes avec leurs noms
Peintures retrouvées dans ces grottes montrant des nobles de Kucha faisant des offrandes à Bouddha
Intérieur d'une grotte
Reste d'une peinture de la grotte
représentation de Moines Tochariens
Peinture montrant une offrande à Bouddha
Représentation de Bouddha avec en haut quelques mots écrits en Tocharien
Représentation de Bouddha avec en haut quelques mots écrits en tokharien disant que c'est une représentation de bouddha et que son créateur s'appelle Ratna
Reconstitution des peintures d'une des grottes
Reconstitution des peintures d'une des grottes
Reconstitution des peintures d'une des grottes
Reconstitution d'une des grottes
éléments d'une des grottes
Peinture des artistes qui ont fait les merveilles de ces grottes
Du 4ème au 5ème, une énorme sécheresse touche la région, des cités tokhariennes entières sont laissées à l'abandon, c'est le cas de la cité de Niya.
Textile de Niya
Au 5ème siècle, les Rourans, un peuple mongol, prennent le contrôle de la région en laissant les dirigeants locaux au pouvoir. Ils font ainsi des cités tokhariennes des états vassaux sans réellement les intégrer à leur empire. Les cités étaient ainsi plutôt autonomes et indépendantes.
Le Khanat des Rourans
Au 5ème siècle de notre ère, les Hephthalites, un peuple iranien, envahissent les cités tokhariennes et en font des états vassaux, chassant les Rourans de la région, en profitant de leur affaiblissement, affaiblissement dû aux attaques de la dynastie Wei de Chine.
Carte de l'empire Hephthalite
Durant cette période, l'art des Hephthalite, leurs tenues et coiffures arrivent avec eux et commencent à être utilisés dans la région du bassin de Tarim ainsi que quelques aspects militaires. Les épées des Tokhariens s'améliorant ainsi.
Représentations de guerriers Tochariens portant des tenues et des armes issus des Hephthalites
L'art Gréco-Bouddhiste où art Gandhara issus de l'union du style grec amené par Alexandre le Grand et du style bouddhiste fait également son apparition dans la région.
Au 6ème siècle, le khanat Göktürk (également appelé le premier khanat turcique) envahit la région.
Les cités tokhariennes deviennent vassales du Khanat.
Carte du Khanat Göktürk
Après la chute du khanat, Kucha reste vassal du khanat des göktürks de l'ouest (un état formé suite à la chute de l'état Göktürk).
En 618, le roi de Kucha, Suvarnapushpa ,envoie une ambassade à la dynastie Tang de Chine pour devenir vassal de la Chine des Tangs.
Peinture du roi Suvarnapushpa
Finalement, au 7ème siècle, la dynastie Tang envahit les cités tokhariennes pour les intégrer à son territoire, chassant les Göktürks de l'Ouest de la région. En 630, la ville de Turfan est prise par les Chinois. La cité d'Agni, alliée de la Chine alarmée par ses attaques, arrête de payer tribut à la Chine et s'allie aux Göktürks de l'Ouest et au royaume de Kucha ( qui arrête de payer tribut à la Chine à ce moment) contre les Chinois. Malheureusement, cette alliance ne suffit pas et les Chinois s'emparent d'Agni. Les Tangs forcèrent le royaume de Kucha à payer de nouveau tribut à leur pays et ils placèrent un membre de la famille royale de Kucha qui leur était favorable sur le trône. Cependant, cela poussa à des révoltes et les généraux Tangs sont exécutés en représailles : un général Tang détruit 5 grandes villes du royaume, tuant femmes et enfants qui se trouvaient à l'intérieur et instaurant une terreur des habitants envers le gouvernement chinois. Les cités tokhariennes seront à jamais fragilisées par cette période et jamais elles ne se remettront de cette période.
Finalement, l'empire tibétain souhaite la région et pendant 100 ans les Chinois et les Tibétains combattent pour la région qui change au fur et à mesure du temps de propriétaire avant de finir en 792 par devenir tibétaine.
Carte de l'empire tibétain à la fin du 8ème siècle
Finalement, au 9ème siècle, fuyant après la destruction de leur khanat par les Kirghizes yenisei, les Ouïghours arrivent dans la région, chassant les Tibétains et formant le royaume de Qocho. Les Ouïghours se mélangeant avec les Tokhariens. De nombreux Ouïghours se convertissant au bouddhisme et parfois au christianisme nestoriens. Les langues tokhariennes disparaissent petit à petit au profit de la vieille langue ouïghour.
Pour terminer, quelques autres peintures Tokhariennes :
représentation de la famille royale de Kucha
Représentation d'un prince Tokharien
Représentation d'un noble Tokharien
Pratique d'automutilation faite par un prince lors d'une cérémonie en l'honneur de Bouddha
Ainsi se conclut cette épisode, j'espère qu'il vous aura plu !